Comment appliquer du mastic sur la carrosserie d'une voiture ?

Comment appliquer correctement un mastic de carrosserie sur la surface d’une voiture ?

Le rôle de tout carrossier professionnel est de corriger les imperfections et les déformations d’une carrosserie automobile endommagée. C'est dans ce contexte que l'étape de masticage s'inscrit souvent entre les phases de préparation de la carrosserie et de la mise en peinture. 

Le mastic carrosserie, une composition bi-composante (constituée de mastic et de durcisseur), est utilisé pour le lissage, l'égalisation et la mise à niveau d'une surface en vue d'une future peinture. Cette démarche d'application du mastic est désignée sous le terme de "masticage".

L’application du mastic se déroule en plusieurs étapes. Il est donc opportun de se familiariser avec les étapes clés requises pour réaliser une application de mastic pour carrosserie efficace et professionnelle sur une surface automobile à réparer. C’est ce que nous allons voir tout au long de cet article.

• Quels sont les types de mastic utilisés en carrosserie ?
• Comment effectuer la mise en application du mastic sur la carrosserie de votre voiture?
• Comment poncer du mastic pour carrosserie ?
• Quelles sont les erreurs à éviter lors de l'application du mastic ?

La phase préparatoire avant le masticage.

Avant d'amorcer l'application du mastic, il est primordial de se préparer minutieusement et d'effectuer toutes les étapes préliminaires pour préparer la surface à traiter de manière adéquate. En optant pour le produit approprié et en investissant le temps nécessaire pour son application méticuleuse, nous sommes en mesure d'optimiser la phase de ponçage qui constitue l'une des étapes les plus méticuleuses au sein du processus de réparation d’une carrosserie. Qui plus est, maîtriser l'art du ponçage du mastic automobile nous permettra d'améliorer notablement la qualité des étapes ultérieures, telles que l'application de l'apprêt.

1. Choisissez un mastic approprié selon le type de réparation !

Cette étape coule de bon sens. Il existe 9 types de mastic pour les travaux de carrosserie :

Pour les véhicules, les mastics « polyester » sont prédominants dans leur usage.

1. Mastic Universel : il se révèle être le produit le plus employé par les ateliers de carrosserie. Il est principalement utilisé sur les surfaces en tôle ou en acier des carrosseries. Sa capacité de garnissage varie, les versions à faible densité garnissant moins que les mastics polyester classiques, mais offrant une finition supérieure. En outre, il protège efficacement les zones traitées de l'humidité.
2. Mastic Cellulosique : il est adapté à divers matériaux. Il est particulièrement utile pour parfaire un travail ou réaliser de légères retouches sur la carrosserie. Souvent en format tube et ne nécessitant pas de durcisseur, il se distingue en pouvant être peint sans apprêt. Ce mastic est idéal pour boucher les micro-fissures ou éraflures trop profondes pour la peinture.
3. Mastic Acier & Aluminium : avec sa teneur élevée en aluminium, il convient particulièrement aux carrosseries grâce à ses propriétés anti-corrosion. Il protège efficacement la carrosserie de l'humidité sous les réparations. ce type de produit, résistant et anti-corrosion, adhère bien à l'acier, au zinc et à l'aluminium. Il comble crevasses et fissures.
4. Mastic Plastique : Spécialement conçu pour les éléments plastiques du véhicule, ce produit répare les bas de caisse, pare-chocs et barres de toit. Son excellente adhérence facilite le ponçage.
5. Mastic Fibre de Verre : il répare les crevasses sur la carrosserie. La fibre de verre confère robustesse et résistance, et permet de travailler sur des surfaces plus profondes (0,5 à 1 cm). Les nouveaux mastics à base de fibres de verre offrent souplesse et finesse.
6. Mastic Anti Rouille : Cette nouvelle variété de mastic renforce la pièce contre la corrosion, particulièrement bénéfique lors de la restauration d'un véhicule.
7. Mastic Acrylique : Mono-composants, ils colmatent de petites éraflures. Ils sont comparables aux mastics nitro-cellulosiques.
8. Mastic Monocomposant : Favorisé par les professionnels pour les finitions et retouches, ce produit est fin et souple à travailler.
9. Mastic Epoxy Bi-composant : Conçu pour assembler des pièces de différents matériaux, ce mastic bi-composant offre une réparation rapide et une solidité lors de l'assemblage. Une fois sec, il se manipule comme du métal, pouvant être percé, meulé et façonné.

2. La préparation de la surface de carrosserie sur laquelle vous allez travailler

Avant d'amorcer le processus de masticage, il est nécessaire de procéder à l'égalisation des bords de la zone endommagée de la peinture à réparer. Cela s'effectue en douceur en utilisant un papier abrasif de calibre P80 à P120, avec un mouvement orbital de 5mm, en harmonie avec les exigences de la réparation en cours.

3. Préparez correctement le mélange !

Tout d'abord, nous entamerons le processus en veillant à ce que les instruments de travail ne portent aucune trace résiduelle de mastic ou de durcisseur provenant de réparations antérieures. Cela garantira une application uniforme et lisse sur la surface.

• Lors de la phase de mélange, notre objectif principal est d'obtenir une consistance uniforme. Nous devrons prendre soin de réduire au minimum l'entrée d'air pendant l'agitation, afin d'obtenir une teinte homogène dans le mélange, entraînant ainsi tout écart ou strie de couleur.

• Dans un récipient flexible, placez la quantité adéquate de produit, suivie du volume approprié de durcisseur. Il est crucial de maintenir la bonne proportion entre ces deux éléments, sous peine de devoir recommencer la procédure.

• Mélangez minutieusement ces composants afin d'obtenir une pâte d'une texture et d'une teinte uniformes, offrant une apparence cohérente.

• Ensuite, vous n'aurez qu'à appliquer délicatement votre mastic à l'aide d'une spatule ou d'un couteau spécifique aux travaux de carrosserie. Il convient de limiter les mouvements légers. En effet, veillez à ne pas excéder l'application du mastic, car cela engendrerait un ponçage ultérieur, ajoutant ainsi une tâche superflue à votre travail.

Comme c'est le cas dans de nombreuses autres situations, le rapport de mélange entre les deux composants sera spécifié dans votre documentation technique pour optimiser les performances du mastic. Généralement, il est recommandé d'ajouter environ 2 à 3 % en poids de durcisseur. Il est crucial de noter qu'un excédent ou un déficit de durcisseur dans le mélange peut avoir des conséquences différentes.

En effet, un surplus de durcisseur dans le mélange peut accélérer le processus de durcissement du mastic, mais peut conduire à des taches ou des variations de teintes. En revanche, une quantité insuffisante de durcisseur, par rapport aux recommandations,  peut entraîner u n mauvais séchage du produit. Or, dans ce cas, cela pourrait entraîner des problèmes lors du ponçage, comme des décollements ou des problèmes d'adhérence.

De plus, il est essentiel de prendre en compte la température ambiante lors du calcul de la quantité de mastic à mélanger. En effet, des températures plus élevées réduiront le temps disponible pour le séchage et l'application du mélange. En règle générale, dans les ateliers, le mélange est souvent réalisé "à vue d'œil". Cependant, pour éviter les problèmes décrits précédemment, il est recommandé d'utiliser une balance de précision afin d'obtenir le rapport de mélange idéal.

La phase de la mise en application du mastic.

À cette étape, il devient crucial de considérer le concept de « durée d'utilisation en pot » pour le mélange. Cela se réfère au laps de temps entre le moment où le mastic est mélangé avec le durcisseur et celui où le mélange prend sa consistance solide. Ce délai peut être influencé non seulement par la température ambiante mais aussi par la température du support.

Lorsque nous appliquons le mastic, il est essentiel de l'étaler de manière uniforme en effectuant des mouvements réguliers d'un bout à l'autre, en exerçant une pression adéquate avec la spatule. Cette approche permet d'éliminer les éventuelles bulles d'air lors de l'application, aboutissant à une surface lisse et homogène.

Afin de mieux gérer la mise en application du mastic ainsi que sa vitesse de durcissement, il est recommandé de l'appliquer en petites quantités chaque fois que possible. Pour les surfaces courbes, l'utilisation de spatules en caoutchouc, du fait de leur flexibilité, est appropriée.

Un élément fondamental à considérer est la quantité de mastic à appliquer :

• En cas de surplus de produit, il y a un risque de rigidité excessive de la surface, ce qui compliquerait le processus de ponçage en le rendant plus chronophage et moins économique en termes de temps et de matériaux.

• À l'inverse, une quantité insuffisante de mastic peut entraîner des problèmes d'adhérence ainsi qu'un nivellement inadéquat de la surface à poncer.

Le temps de séchage du mastic à respecter.

Le temps nécessaire au durcissement du mastic est spécifié dans les informations techniques fournies par le fabricant. Ce processus débute dès que le mélange est réalisé, en déclenchant ainsi la réaction chimique qui mène à sa solidification ultérieure.

La vitesse de séchage dépend de la température ambiante : plus elle est élevée, plus le séchage sera rapide, tandis qu'à basse température, il sera plus lent. De plus, la température du support (qu'il s'agisse de métal ou de plastique) peut également influencer sur ce temps de séchage.

En général, la période de séchage du mastic s'étend de 20 à 30 minutes (5 minutes en utilisant une source infrarouge à ondes courtes) à une température évitant les 20 ºC (toutefois, ce délai peut varier en fonction du type de mastic) .

De plus, le temps de séchage du mastic aura un impact sur le processus ultérieur de ponçage :

• Un temps de séchage excessif entraînera un durcissement plus prononcé, ce qui rallongera et compliquera l'étape de ponçage.

• En revanche, un temps de séchage insuffisant pourrait provoquer des problèmes de bourrage lors du ponçage, si le produit n'a pas complètement séché.

Note : il est important de préciser que si les conditions ne sont pas optimales pour le ponçage de la surface, il est envisageable, après l'application initiale, d'appliquer une nouvelle couche de mastic sur les zones les plus irrégulières.

La phase de finition :

Après avoir patienté environ 4 heures pour permettre au mastic de sécher complètement, il est maintenant temps d'affiner votre travail en effectuant un ponçage à sec du mastic afin de lui donner la forme précise que vous recherchez.

Pour cette étape, le papier abrasif de grain P80 est le plus adapté, car le mastic ayant durci, un papier au grain plus fin rendrait le processus plus laborieux.

Une fois que vous avez nivelé la couche de mastic appliqué, passez progressivement à des grains de papier plus fins pour obtenir une finition lisse et sans irrégularités. Après cela, vous pouvez nettoyer à nouveau la surface et, si nécessaire, appliquer à nouveau du mastic pour corriger d'éventuels défauts passés inaperçus ou pour éliminer les traces laissées par le ponçage.

Pour ces ajustements minimes, optez pour l'utilisation d'un mastic de finition cellulosique, qu'il s'agisse de la carrosserie ou des éléments en plastique, en fonction de la matière de la pièce sur laquelle vous travaillez.

Comment poncer du mastic pour carrosserie ?

Une fois que vous avez pris soin de protéger le reste de votre véhicule, il est temps d'utiliser des matériaux abrasifs pour préparer la zone où vous proposez d'appliquer le mastic. Vous avez le choix entre une approche manuelle en utilisant des cales de ponçage disponibles chez les revendeurs, ou l'utilisation d'une ponceuse, qu'elle soit électrique ou pneumatique (à condition d'avoir un compresseur approprié). 

Cette étape vise à bien décaper et préparer la surface de travail. Les papiers à poncer sont disponibles dans une variété de grains, allant du plus grossier (P80) au plus fin (P2000), voire même des grains plus élevés tels que P5000 ou P7000, utilisés principalement pour des finitions poli-lustrées.

En ce qui concerne le travail sur la carrosserie, les différents grammages sont généralement utilisés comme suit :

• Utilisez un grain abrasif de P80 à P150 pour les travaux de décapage les plus importants.

• Optez pour un grain abrasif de P200 à P400 pour affiner le décapage et lisser la surface.

• Pour les finitions, un grain abrasif de P600 à P1000 est recommandé.

• Lorsque vous souhaitez effectuer un lustrage de la carrosserie, privilégiez un grain abrasif de P2000 à P4000.

Pour commencer, utilisez un papier à grain P80 afin d'enlever les irrégularités les plus marquées, puis progressez vers des papiers de plus en plus fins pour obtenir une surface lisse et exempte de toute trace laissée par le papier de verre. Le but est de mettre en évidence la tôle, donc n'hésitez pas à consacrer suffisamment de temps à ce processus. 

À ce stade, il n'est pas nécessaire d'utiliser un papier de verre très fin. Cette phase de ponçage peut être réalisée "à sec", car elle constitue seulement la première étape du processus.

Une fois cette étape terminée, assurez-vous de bien éliminer toute poussière résiduelle qui pourrait se trouver sur la surface. Ensuite, à l'aide d'un dégraissant spécifique pour la carrosserie, nettoyez soigneusement la zone que vous venez de travailler ainsi que les zones environnantes. Cela optimisera vos chances de réussite en assurant une meilleure adhérence du produit. Il est important d'utiliser un dégraissant adapté à la carrosserie plutôt qu'un produit ménager qui pourrait provoquer des réactions indésirables par la suite.

Quelles sont les erreurs à éviter lors de l'application du mastic ?

• Pour obtenir une surface uniforme et faciliter le ponçage ultérieurement, il est préférable de ne pas exagérer l'application du mastic. Utilisez une spatule souple pour étaler une fine couche de mastic de manière régulière. Plutôt que de poser une couche épaisse, privilégiez plusieurs couches fines pour obtenir une finition lisse et une adhérence optimale.

• Respectez scrupuleusement les instructions du fabricant concernant le mélange du durcisseur avec le mastic. Un dosage incorrect pourrait provoquer un durcissement imparfait, une adhérence insuffisante ou même une réaction chimique potentielle. Veillez à respecter les proportions recommandées et mélangez soigneusement pour obtenir une consistance uniforme.

• Avant d'appliquer le mastic, accordez une attention particulière à la préparation de la surface. Celle-ci doit être propre, sèche et dépourvue de rouille, de peinture écaillée ou de graisse. Utilisez un dégraissant et effectuez un léger ponçage pour optimiser l'adhérence du mastic. Ignorer cette étape pourrait entraîner un collage insatisfaisant, la formation de bulles d'air ou un décollement prématuré du mastic.

• Le ponçage joue un rôle essentiel dans l'obtention d'une surface uniforme. Sélectionnez un papier de verre approprié et effectuez des mouvements réguliers pour éviter toute marque ou rayure. Remplacez fréquemment le papier de verre pour préserver son efficacité et prévenir tout dommage à la surface.

• Chaque type de mastic nécessite un temps de séchage spécifique avant de pouvoir être poncé ou peint. Le non-respect de cette période peut entraîner une adhérence médiocre, un durcissement inégal ou une finition de qualité médiocre. Consultez les directives du fabricant et ajustez les temps de séchage en fonction des conditions environnementales telles que la température et l'humidité.

• Avant d'entamer la réparation avec du mastic, inspectez minutieusement la zone pour identifier d'éventuels problèmes cachés, comme la corrosion, les déformations ou les fissures. Régler ces problèmes en amont garantira une réparation durable et préviendra tout désagrément futur.

• Durant l'application, veillez à protéger les zones avoisinantes de la carrosserie en utilisant du ruban de masquage ou des bâches. Cette précaution évitera tout débordement, tache probable ou dommage accidentel. De plus, elle simplifiera le nettoyage après la réparation.